On pourrait croire que Roland Deveau, premier président de Golf Canada, depuis 1931, à accomplir deux mandats, serait soulagé de passer le flambeau à Leslie Dunning de Calgary.
Mais on se tromperait.
Même si Deveau, à 56 ans, a hâte de retrouver la « vraie vie », comme il dit, il est fier, et à juste titre, de ses 24 mois à la barre de l’association. Période marquée par l’arrivée d’un nouveau chef de la direction, le retour du golf aux Olympiques et les célébrations du 150e anniversaire de la Confédération canadienne.
« Ça n’a pas été de tout repos, mais c’est inhérent au rôle de meneur par temps de grands défis », a déclaré Deveau en entrevue quelques semaines avant l’Assemblée annuelle de Golf Canada, à Calgary, où Dunning prend la relève. À titre d’ancien président de l’association, Deveau continuera de siéger au Conseil d’administration.
« Quand j’y repense – et permettez-moi d’insister sur le fait que rien n’aurait pu s’accomplir sans l’appui de mes collègues administrateurs, du personnel et des bénévoles –, je crois que nous avons atteint plusieurs objectifs. Nous avons stabilisé nos finances et exécuté toute la gamme des services et programmes, tel que promis, dont certains sont mondialement reconnus comme étant ce qui se fait de mieux dans le domaine. Nous sommes en bonne voie de réaliser l’implantation de notre nouveau modèle d’adhésion, ce qui devrait aboutir l’an prochain. »
Le mandat de Deveau a aussi été ponctué de remarquables performances sur le terrain. Des golfeurs canadiens, tant amateurs que professionnels, ont brillé sur la scène mondiale.
Mais pour Deveau, le moment le plus magique qu’il ait vécu s’est produit quand il a vu évoluer le jeune pro canadien Austin Connelly à l’Omnium britannique, au Royal Birkdale en Angleterre.
« Sur le tertre, à la ronde finale, Austin faisait partie de l’avant-dernier groupe, avec Brooks Koepke qui avait remporté l’Omnium des États-Unis un mois plus tôt. Ils prenaient le départ immédiatement avant le dernier groupe de Matt Kuchar et Jordan Spieth. C’était extraordinaire, irréel. Ce sont les seuls mots qui me viennent pour décrire cette sensation. »
Connelly a passé ses étés à jouer et à s’entraîner sur le parcours d’attache de Deveau, le Clare Golf and Country Club, à quelques heures de route d’Halifax où l’avocat est vice-président de la Commission des services publics et d’examen de la Nouvelle-Écosse.
« Je l’ai vu grandir, été après été, raconte Me Deveau. Il habitait à moins d’un mille de chez mes parents. De le suivre durant cette ronde finale de l’Omnium britannique et de voir son nom sur le tableau, c’était vraiment incroyable! »
Pour lui, cette expérience incarnait l’essence même du golf : voir un jeune athlète prometteur, soutenu par la communauté golfique, se hisser sur la scène mondiale.
La plupart des golfeurs ne saisissent pas très bien le rôle du président de Golf Canada. D’aucuns croient que ce n’est qu’un titre honorifique, un peu comme le gouverneur général de notre pays. Dans le cas de Deveau, rien ne pourrait être plus éloigné de la réalité.
Le poste s’accompagne d’inéluctables responsabilités en matière de gouvernance et d’organisation; il exige qu’on y consacre beaucoup de temps en partage avec le « vrai boulot » de celui qui occupe le poste de président et qui n’est, après tout, rien d’autre que le « premier parmi ses pairs », les nombreux bénévoles de Golf Canada.
« Ça ne se résume pas à le remise de trophées, explique Deveau. Les gens ne se doutent pas de tout ce qui se passe dans les coulisses. Nous sommes les garants du golf au Canada, à titre de Fédération nationale de sport, et nous n’avons jamais pris ce rôle à la légère. »
Homme grégaire, Deveau a été le premier président de Golf Canada à se servir des médias sociaux pour rester en contact avec les Canadiens et il a « gardé les pieds sur le terrain » en tant qu’officiel des règles du golf lors de tournois importants, dont l’Omnium canadien RBC et le Championnat canadien amateur masculin en 2016 et 2017, le Championnat canadien amateur féminin et le Championnat canadien junior masculin en 2017, entre autres.
Deveau précise que cela lui a permis d’échanger avec les golfeurs et, surtout, avec les spectateurs.
« Ça m’a montré à quel point les Canadiens sont nombreux à tant aimer ce sport. Je ne dirais pas que c’est ce qui m’a donné de la crédibilité, en soi, mais ça m’a fait voir les choses autrement, en profondeur. »
Alors qu’il quitte son rôle historique, Deveau se voit enrichi non seulement d’une assurance et d’une perspective nouvelles, mais aussi de sentiments où n’entre aucune part de regret.
« Ces deux dernières années se sont avérées un grand défi, assurément, mais elles ont été si enrichissantes, pour moi. Ça valait vraiment la peine et j’ai savouré chaque instant de l’expérience. »