Le hasard fait parfois bien les choses. Après une décennie de tourments, Keegan Bradley a finalement pu se racheter en fournissant le point qui a permis aux siens de remporter la Coupe des Présidents 18,5-11,5, dimanche après-midi.
Bradley, qui est âgé de 38 ans, a permis à son équipe d’atteindre le seuil des 15,5 points confirmant la victoire des États-Unis après avoir disposé du Sud-Coréen Si Woo Kim par un lors du sixième match individuel au programme.
Il a ainsi pu racheter le douloureux souvenir qui le hantait dans ces compétitions internationales par équipes après avoir fait partie de l’équipe américaine qui s’était inclinée à la Coupe Ryder, en 2014. Dix ans plus tard, il procurait la victoire aux siens sur le parcours Bleu du club de golf Royal Montréal.
«C’était incroyable, a dit Bradley. Je me suis demandé si j’allais avoir l’opportunité de revivre ce genre de moment tout au long du week-end. Pouvoir jouer dans ce tournoi, et offrir le point de la victoire à mon équipe… Ma foi, la dernière fois (que j’étais dans ce genre de situation), c’était dans une défaite à la Coupe Ryder.
«Si c’est ma dernière ronde en tant que joueur — peut-être que ça le sera —, alors je serai heureux», a ajouté celui qui dirigera l’équipe américaine à la Coupe Ryder en 2025, sur le parcours Bethpage Black dans l’État de New York.
Après que la victoire ait été assurée, le capitaine de l’équipe américaine Jim Furyk n’a pas tari d’éloges envers ses protégés.
«J’adore ce genre d’événements, la camaraderie. Ces joueurs ont été formidables; c’était un groupe de 12 golfeurs unique, facile à gérer et qui a démontré beaucoup de leadership. Ils ont tout donné cette semaine, et ils ont vraiment bien joué sur le neuf de retour», a-t-il évoqué.
«Nous avions discuté de cette mentalité, de cette hargne qui devait nous habiter, toute la semaine. Je ne sais pas combien de trous nous avons gagné sur le neuf de retour cette semaine, mais j’ai l’impression que nous avons dominé la compétition dans cette portion du parcours, et c’est ce qui a fait la différence», a poursuivi Furyk.
Pour sa part, le capitaine de l’équipe internationale Mike Weir a admis qu’il réfléchira à l’issue de cette compétition au cours des prochains jours.
«C’est certain que je vais réfléchir aux choses que j’aurais pu faire différemment. C’est dans la nature humaine; quand tu perds, tu te regardes dans le miroir et tu te demandes ce qui aurait pu faire la différence. C’est certain. J’aurai beaucoup de temps maintenant pour y réfléchir», a expliqué le champion du Tournoi des Maîtres en 2003.
«Mais nous sommes près. Les matchs étaient très serrés. C’est décevant de perdre. Nous avions assemblé une équipe pour gagner la compétition, et quand tu perds, c’est décevant. Mais il y a beaucoup de positif à tirer de cette expérience-là», a-t-il renchéri.
La formation américaine avait commencé la séance finale, composée de 12 matchs individuels, avec une confortable avance de 11-7 contre l’équipe internationale. Elle n’avait besoin que de 4,5 points pour s’assurer la victoire.
Ce qu’elle a obtenu à la suite des triomphes de Xander Schauffele (quatre et trois), Russell Henley (trois et deux), Patrick Cantlay (trois et un) et Bradley, en plus du match nul de Sam Burns (0,5 point).
Il s’agit de la 10e victoire de suite des États-Unis dans cette prestigieuse compétition par équipes, et de leur 13e en 15 éditions.
Un départ canon des Américains
La formation américaine, vêtue de rouge pour l’occasion, s’est assurée de rapidement passer un message aux Internationaux, sous un ciel radieux et un thermomètre qui indiquait 23 degrés Celsius.
Les trois premiers Américains à s’exécuter dimanche, Schauffele, Burns et Scheffler, ont tous réussi des oiselets sur le premier trou. Scheffler, le golfeur no 1 au monde, a couronné cette séquence en expédiant sa sortie de fosse de sable située en bordure du vert directement au fond de la coupe — au grand dam des spectateurs présents sur place, pour la plupart en faveur de l’équipe internationale.
Dès lors, l’équipe internationale a été contrainte de jouer du golf de rattrapage, afin d’éviter d’offrir le titre aux Américains sur un plateau d’argent.
Schauffele en a rajouté une couche en enregistrant quatre oiselets consécutifs aux trous nos 5, 6, 7 et 8, et en inscrivant un autre point à la suite d’un boguey de l’Australien Jason Day au neuvième pour prendre les devants par cinq au virage. À ce moment-là, les États-Unis menaient dans six des neuf matchs en cours, et la foule était carrément assommée.
«Le capitaine (Jim Furyk) m’a dit que j’allais lancer les hostilités aujourd’hui et je lui ai répondu que c’était un honneur de pouvoir le faire. Nous avons une très bonne équipe, et j’étais conscient que mon travail aujourd’hui consistait à aller chercher ce premier point», a dit Schauffele.
L’équipe internationale a bien tenté une remontée dans les derniers matchs à se mettre en branle, mais, à l’image de Day, elle a manqué de temps.
Mince consolation, le Japonais Hideki Matsuyama est parvenu à vaincre Scheffler par un dans le troisième match au programme, retardant de quelques minutes l’inévitable.
De plus, Corey Conners a sauvé l’honneur des Canadiens en disposant de l’Américain Tony Finau cinq et trois.
«J’étais très motivé ce matin à renouer avec la victoire, car la journée d’hier a été difficile à avaler. Je n’ai pas connu le meilleur début de ronde, mais je n’ai jamais cessé d’y croire. J’ai joué du bon golf, surtout sur le neuf de retour», a expliqué Conners.
L’Ontarien, originaire de Listowel, a particulièrement apprécié le fait de pouvoir jouer chez lui, devant parents et amis.
«La foule a été incroyable toute la semaine. Au 13e trou (lorsqu’elle a chanté l’hymne national), je dois admettre que c’était l’un des moments les plus ‘cools’ de ma carrière», a-t-il dit.