L’âme de la fête

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Brent McLaughlin (Golf Canada Archive)

Durant sa jeunesse à Sault Ste. Marie en Ontario, Brent McLaughlin n’aurait jamais imaginé qu’il serait un jour le maître d’œuvre des championnats nationaux du golf professionnel au Canada. « À vrai dire, j’ai encore du mal à me faire à l’idée », reconnaît-il. Tout a commencé il y a 20 ans quand il s’est rendu à Glen Abbey pour se dénicher un boulot – n’importe lequel. Il a gravi les échelons : service de l’entretien, boutique du pro, bureaux de Golf Canada (alors la RCGA) après un bref passage à la Golf Association of Ontario. Le directeur des omniums nationaux masculin et féminin a décidément saisi l’occasion à bras-le-corps.

Magazine Golf Canada: Quel est le train-train quotidien d’un directeur de tournoi?

Brent McLaughlin: Il se passe une foule de choses, mais je ne fais vraiment rien, sauf répondre aux questions. Les véritables exécutants, ce sont les gens des ventes et du marketing, et l’équipe des opérations. Mon rôle est de tenir la barre. Je m’assure que les exécutants gardent le cap, qu’ils ont la possibilité d’échanger des idées et qu’ils se sentent soutenus quand ils prennent une décision. Il s’agit avant tout d’organiser une grande fête, c’est un plaisir! Et la cerise sur le gâteau, c’est que je dois m’entretenir avec les golfeurs, les golfeuses et leurs agents. Quelles sont leurs attentes? Quel est leur genre de véhicule? Leur famille sera-t-elle là? Que veulent faire leurs enfants? Mes responsabilités sont si diverses qu’il serait idiot de dire que je me concentre à chaque jour sur un problème particulier. Il y a un tas de choses qui se produisent en même temps, et c’est ce qui rend mon travail si passionnant.

Est-ce différent pendant la semaine du tournoi?

La semaine du tournoi est la plus facile parce que tout a été minutieusement planifié, en principe. S’il y a un problème d’engrenage, il est trop tard pour le réparer. La période de gros stress, ce sont les trois mois précédant le tournoi. Quand arrive juillet, il ne reste plus qu’à prier pour que le temps soit clément et le dénouement du tournoi spectaculaire. La semaine du tournoi, nous sommes à pied d’œuvre de 4 heures 30 à 23 heures. Et nos 1 500 bénévoles font le même nombre d’heures. Dès 5 heures 30 du matin, le centre des bénévoles est plein à craquer. C’est extraordinaire!

Quel est votre plus grand défi?

L’espace. Trouver l’espace nécessaire à l’organisation de ces tournois, sur le site et autour, est un énorme défi. Prenons le stationnement pour l’Omnium canadien RBC, par exemple. Comment garer 10 000 véhicules dans une ville en pleine croissance comme Oakville, en Ontario, où se trouve Glen Abbey? Sur le site même, la demande est de plus en plus forte tant le golf a pris de l’envergure. En quelques années, la dimension de l’enceinte des télédiffuseurs a quadruplé. Que ce soit à Glen Abbey ou ailleurs, c’est un défi gigantesque de faire s’emboîter les pièces du puzzle. Et puis, il y a la date, un éternel sujet de discussion. Cette année, en particulier, nous sommes coincés entre l’Omnium britannique et le Championnat de la PGA, deux tournois majeurs. La composition du tableau posera donc un autre défi redoutable. Mais, comme je le dis souvent à qui veut m’entendre, le tableau et la date ne sont pas tout. Un tournoi est une fête, et c’était une fête l’an dernier. J’assiste chaque année au Championnat des Joueurs — pendant 10 ans en tant qu’officiel et maintenant en tant que directeur pour rencontrer les joueurs. Dans l’aire d’hospitalité, aux abords des 16 e , 17 e et 18 e trous, personne ne regarde le golf. Il en va de même à l’Omnium Waste Management de Phoenix. Les gens sont là parce que c’est l’endroit branché par excellence. C’est un gros party, une occasion de socialiser, de réseauter, de faire un million de choses sans nécessairement se préoccuper de savoir qui est sur le tertre ou même qui joue. C’est ma vision de nos omniums.

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Y a-t-il une chose que vous rêvez de faire?

Dans la vallée, à l’extrême gauche du 14 e trou de Glen Abbey, il y a un chemin d’accès en gravier. J’y déverserais des tonnes de sable pour en faire une plage. Je vois les spectateurs enfiler leur maillot de bain, attraper une serviette et prendre un bain de soleil, les pieds dans l’eau, en regardant les joueurs. J’essaie aussi d’organiser une course de cinq kilomètres sur le site la semaine avant le tournoi, quand le parcours est fermé. Les participants gagneraient un billet pour l’Omnium. Il y a tellement de coureurs à Oakville et dans la région de Halton. La course pourrait s’appeler Par 5K. Plusieurs non-golfeurs ignorent ce qui se passe sur le site, mais la course leur ferait découvrir le terrain et ils verraient que c’est un truc énorme avec une immense infrastructure.

Quelle a été votre plus grande surprise depuis que vous avez accepté ce poste?

Au printemps de l’an dernier, j’ai visité quatre ou cinq tournois. J’ai demandé aux joueurs pourquoi ils participaient ou ne participaient pas à l’Omnium canadien RBC. Un thème commun s’est dégagé, à savoir que quand ils se trouvaient au Canada, ils n’avaient pas l’impression d’y être. À leur avis, c’était un tournoi du PGA TOUR comme les autres. À mon retour, j’ai décidé de “canadianiser” l’Omnium canadien. Quand on se trouvait sur le 18 e tertre, tout ce que l’on voyait en contrebas, c’était le drapeau du Canada. C’est le genre d’idées à explorer.

Quel est le défi le plus fou que vous ayez eu à relever?

L’année dernière, le dimanche de la finale, quand le groupe qui suivait David Hearn est sorti du vallon, au 15 e trou, le sergent Barry Hughes de la police de Halton, responsable de la sécurité, m’a appelé pour me dire qu’il y avait trop de monde et nulle part où les diriger. Il y avait bien 5 000 spectateurs incapables d’aller au 16 e ou au 17 e , pas plus qu’au 18 e . Nous avons dû faire passer tout ce monde-là derrière le tertre de départ du 17 e trou et du 18 e en leur permettant de traverser le terrain d’exercice, simplement pour garder la foule en mouvement. Il a fallu déplacer les cordes autour des trois trous sur-le-champ! Les gens regardaient le jeu et nos gars couraient dans tous les sens pour tâcher de les faire suivre le couloir délimité par les cordes et les amener au village des spectateurs. Toute une scène, un vrai chaos!

Quelle est la plus grande différence entre les omniums masculin et féminin?

Il y a plus de pièces mobiles dans le tournoi masculin. Les véhicules de courtoisie en sont un bon exemple. Sur le Circuit de la LPGA, nous mettons une vingtaine de véhicules à la disposition des meilleures golfeuses, mais à l’Omnium canadien RBC, notre entente avec BMW prévoit que chaque joueur a droit à un véhicule. Nous parlons donc de 156 véhicules rien que là. Du point de vue de l’infrastructure, le tournoi masculin est tout simplement plus imposant. Il y a plus de spectateurs, plus d’options pour les forfaits hospitalité, si bien que les chantiers sont plus nombreux sur le site. Pour l’Omnium féminin Canadien Pacifique, l’aire d’hospitalité se confine aux abords des 16 e , 17 e et 18 e trous.

On dit que les joueuses du Circuit de la LPGA sont d’un abord plus facile que leurs vis-à-vis du PGA TOUR, est-ce vrai?

C’est probablement vrai à 90%. Les femmes sont très charmantes, elles comprennent que c’est une grosse affaire. Cela dit, les athlètes professionnels ont tous leurs petits caprices, mais je dirais que les femmes sont un peu plus accessibles.

Quel est le plus beau compliment que vous avez reçu d’une golfeuse au sujet de l’Omnium féminin Canadien Pacifique?

Toutes les golfeuses à qui j’ai parlé estiment que c’est un tournoi majeur. Elles agissent comme si c’en était un, même si ce n’est pas officiellement majeur. C’est la plus grosse bourse qu’elles se disputent hors du circuit majeur, et je pense que ça y est pour beaucoup. L’an passé, nous avons eu le tableau le plus fort de tous les tournois, majeurs compris, avec 96 joueuses du top 100. Cette année, l’Omnium féminin Canadien Pacifique est le premier championnat après les Jeux olympiques. Toutes les personnes à qui j’ai parlé m’ont dit qu’elles ne manqueraient pas ça pour tout l’or au monde. Elles seront toutes à Calgary et ça montre à quel point l’événement est important.

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Que pensez-vous d’éventuels projets de développement à Glen Abbey?

Personnellement, c’est une partie essentielle de ma vie. Ce serait un coup terrible si le parcours perdait sa vocation et si je ne pouvais pas m’y rendre chaque jour. L’Omnium n’est pas seul en cause, c’est beaucoup plus profond. Cela remonte à mes jours dans la boutique du pro, dans une voiturette à faire la navette, sur le terrain d’exercice. De plus, notre siège social s’y trouve, ainsi que le Musée et Temple de la renommée du golf canadien. Il y a une foule de choses qui s’y passent, Omnium canadien RBC mis à part. Quant à moi, je souhaite de tout cœur la survie du parcours.

Et maintenant, quelques questions plus personnelles. Pourquoi avez- vous acheté une roulotte pour la pêche blanche?

J’adore le plein air, passer du temps seul à chasser et à pêcher. Mais autant j’aime la pêche, autant je déteste le froid. J’ai cherché une façon de rendre l’expérience plus confortable. Je me suis mis en quête d’une remorque sur Kijiji où j’ai trouvé une Prowler de 15 ans en mauvais état. J’ai réaménagé l’intérieur, installé un poêle et percé le plancher. Maintenant, il y a de la place pour cinq ou six personnes. Il y a trois trous de pêche et quand le poêle chauffe, c’est torride. On pourrait pêcher sur la glace en sous-vêtements.

Quelle a été votre plus grosse prise?

Un jour, j’ai pêché un flétan d’environ 36 kilos en Colombie-Britannique. Ce n’est pas beaucoup pour un flétan, mais pour moi, c’était énorme. Ma prise la plus chère, dans les deux sens du mot, je l’ai faite à Echo Bay, tout près de Sault Ste. Marie. J’ai attrapé un doré jaune de 5 kilos. Le taxidermiste m’a coûté les yeux de la tête, mais j’ai accroché ma prise au mur. C’est un très beau poisson et j’en suis fier.

Vous avez traversé le pays à moto l’été dernier. Quelle est la marque de votre moto et a-t-elle un nom?

[Rires] Elle n’a pas de nom, mais j’aurais pu la baptiser après notre voyage de retour de l’Omnium féminin Canadien Pacifique au Vancouver Golf Club. J’avais dit à ma femme que je voulais m’en acheter une plus grosse, mais après un si beau voyage, j’ai décidé que je ne débarrasserais jamais de cette moto. C’est une Harley Dyna Low Rider 2004 qui vient du Texas, avec odomètre en milles, et j’ai parfois du mal à m’y retrouver.

Jouez-vous beaucoup au golf?

L’année dernière, j’ai eu le privilège de jouer au Pro-Am Héritage RBC avec Ian Poulter. C’est la dernière fois que j’ai joué. Je n’ai pas touché à mes bâtons depuis avril 2015, mais c’est ma faute parce que j’ai tellement d’autres intérêts. Il faut que je retrouve le goût de jouer plus souvent.

Que feriez-vous si vous n’étiez pas dans le domaine du golf?

Quand j’étais jeune, je voulais être pompier. J’ai même fréquenté le collège Seneca qui se spécialise dans la science du feu. Mais si je n’étais pas pompier, je me verrais dans un autre sport. Je suis passionné de hockey et un fan inconditionnel des Flyers de Philadelphie. Le bar de mon sous-sol est peint en orange et noir et il est rempli de souvenirs des Flyers. Mon chien s’appelle Philly et son prédécesseur s’appelait Tocchet, du nom de mon joueur préféré, Rick Tocchet. Tout le monde sait que c’est une obsession chez moi. Oui, je travaillerais dans le hockey.


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L’âme de la fête

Cet article a été publié dans l’édition de avril 2016 du magazine Golf Canada. Pour lire l’article dans le format original, cliquez sur l’image à la gauche.