La golfeuse Brooke Henderson était déjà une icône du sport au pays. Sa victoire à l’Omnium canadien cet été, qui mettait fin à une disette de 45 ans sans victoire canadienne à ce légendaire tournoi, n’a fait que confirmer son énorme talent.
La jeune Ontarienne de 21 ans a non seulement triomphé, mais elle l’a fait avec panache, signant une ronde finale de 65 pour s’imposer avec une priorité de quatre coups devant l’Américaine Angel Yin.
L’émotion était à son comble quand elle s’est présentée sur le vert du 18e trou pour un dernier coup roulé, avec la victoire en poche. Une fois la balle dans la coupe, elle a levé les bras au ciel et reçu l’accolade de sa soeur aînée Brittany, qui est sa cadette depuis ses débuts chez les professionnelles en 2014. Son père, Dave, a couru sur le vert et l’a arrosée de champagne.
La foule a alors entonné le « Ô Canada » pendant que Henderson était rejointe par ses amis, sa famille et d’autres joueuses.
« Ce 18e trou, debout sur ce vert, entouré des membres de ma famille, d’amis et de centaines de spectateurs m’encourageant, c’était un moment surréaliste, a reconnu Henderson. Tenir enfin le trophée dont je rêve depuis que je suis petite fille, ça me donne des frissons juste d’y penser. »
Il s’agit de l’un de ses deux titres en 2018, et elle a totalisé 11 top-10 cette année. Mercredi, elle a été récompensée pour son exceptionnelle saison en remportant le prix Bobbie-Rosenfeld décerné par La Presse canadienne à l’athlète féminine de l’année au pays.
Henderson, qui s’assure cet honneur pour la troisième fois au cours des quatre dernières années, a recueilli 30 votes sur 54 (55,6 pour cent) au scrutin mené auprès de commentateurs et de responsables des sections sportives des médias à travers le pays.
La patineuse de vitesse courte piste Kim Boutin, triple médaillée olympique, et la patineuse artistique Kaetlyn Osmond, championne du monde et double médaillée olympique, ont terminé à égalité au deuxième rang avec 10 votes chacune (18,5 pour cent).
Le gagnant du prix Lionel Conacher à titre d’athlète masculin de l’année au Canada sera dévoilé jeudi et l’équipe de l’année sera connue vendredi.
« Cette année est une année olympique, et avec tous ces athlètes exceptionnels qui ont participé aux Jeux olympiques d’hiver, c’est donc un grand honneur et je suis vraiment fière de remporter de nouveau ce prix », a ajouté Henderson.
Jocelyne Bourassa avait été la dernière Canadienne en 1973 à inscrire son nom au palmarès de l’omnium national.
Exemple de résilience
Au Québec, les circonstances dans lesquelles Boutin a remporté ses trois médailles aux Jeux de Pyeongchang lui ont valu la faveur des répondants puisqu’elle a reçu 10 des 15 votes (66,6 pour cent).
La joie de la Sherbrookoise de 24 ans de gagner sa première médaille olympique, le bronze au 500 mètres, a rapidement été éclipsée quand elle a été l’objet d’intimidation sur les réseaux sociaux de la part de partisans frustrés par la disqualification de la favorite sud-coréenne Choi Min-jeong, après un contact avec la Canadienne.
Plongée dans la tourmente, cela ne l’a pas empêchée de glaner deux autres médailles. Mais même dix mois plus tard, Boutin reconnaît qu’elle a toujours des sentiments ambivalents sur tout ce qui s’est passé en Corée du Sud.
« On dirait que tout ce qui a rapport aux jeux, ce n’est toujours pas clair dans ma tête. Je travaille encore avec ma ‘psy’ pour analyser toutes les émotions que ces événements ont provoquées chez moi, a confié Boutin la semaine dernière. Ce que je sais toutefois, c’est que les Jeux m’ont appris à respecter mes limites et à me faire confiance. »
Elle admet que même si elle n’était pas préparée à faire face à ces menaces, elle disposait néanmoins des outils pour faire face à l’adversité – bien que ça n’ait pas été facile.
« On sait qu’il y a des trucs qu’on ne peut pas contrôler. Alors qu’on reçoive des menaces ou qu’on fasse une mauvaise course, on parvient à passer au travers de la même façon. »
Cette force de caractère a d’ailleurs été soulignée dans les commentaires en marge du scrutin.
« En plus d’impressionner sur la glace, elle a fait preuve d’une résilience et d’une force de caractère hors du commun. Les menaces reçues à Pyeongchang lui ont attiré un fort sentiment de sympathie et révélé au public cette jeune femme touchante et passionnée », a écrit Valérie Gaudreau, rédactrice en chef du quotidien Le Soleil.
Après s’être accordé une longue pause après sa saison olympique, Boutin a récemment repris la compétition à Almaty, au Kazakhstan, en amassant un total de quatre médailles. Est-ce une indication qu’elle sera une tête d’affiche de l’équipe de courte piste jusqu’aux Jeux de Pékin en 2022?
« Personnellement, j’y songe. Je dois encore déterminer comment j’ai envie de vivre mes quatre prochaines années. Ç’a été des jeux incroyables à Pyeongchang, mais il me faut encore en revenir. Je sais qu’il y a tellement de positif à en retirer. Et il y aura d’autres défis d’ici Pékin. »