Le père de Rahontsá:waks Albany avait déjà prévu d’emmener son fils pour assister aux matchs d’ouverture de la Coupe des Présidents, jeudi, au Club de golf Royal Montréal.
Il ne se doutait pas, cependant, que le garçon de 12 ans se retrouverait au cœur des festivités de la journée en étant l’un des quatre participants de First Tee – Premier départ choisis pour porter les drapeaux des États-Unis, du Canada, du Québec et de l’équipe internationale lors de la Cérémonie d’ouverture de l’évènement.
« Imaginez, quelles étaient les chances d’obtenir une telle faveur? » demande la mère de Rahontsá:waks, Lacey Paul.
Rahontsá:waks, Nashtyn Mayo et Aronhiakèn:ra Martin avaient été choisis parmi les membres du Club sportif 24, partenaire de First Tee – Premier départ Québec sur le territoire de la Première nation mohawk de Kahnawake. Le Club 24 s’efforce de développer les leaders de demain au sein de la communauté autochtone grâce au soutien éducatif et à la participation sportive.
Le quatrième porte-drapeau, Jarred Pompey, est intervenant au Comité Jeunesse NDG, à Montréal, où il a contribué à l’implantation du programme First Tee – Premier départ Québec. Plus tôt cette année, il était cadet au tournoi de bienfaisance de la Journée des médias de la Coupe des Présidents où First Tee – Premier départ Canada a reçu un don de 250 000 $ de la part des organisateurs de cette compétition biennale en parties par trous.
Les autres bénéficiaires de bienfaisance de la Coupe des Présidents sont la Fondation du Centre universitaire de santé McGill, la Fondation One Drop et l’Hôpital pour enfants de Montréal.
Lors de notre récente entrevue sur Zoom, il était difficile de dire qui était le plus excité – Rahontsá:waks, dont le nom en Kanien’kéha (la langue mohawk) signifie « Il fait trembler la Terre », ou sa mère.
Mme Paul, qui travaille pour le bureau de tourisme de Kahnawake, s’apprêtait à participer à une réunion de planification stratégique lorsqu’elle a été informée que son fils avait été choisi comme porte-drapeau. Elle se souvient de la fierté qu’elle a ressentie, s’empressant d’annoncer la nouvelle à qui voulait bien l’entendre.
« Voir notre petit gars représenter Kahnawake sur la scène internationale, c’est vraiment un honneur, dit-elle. Comme le fait d’avoir une représentation autochtone à la Coupe des Présidents. »
Kahnawake, qui vient du mot mohawk signifiant « lieu des rapides », est situé sur la rive sud du fleuve Saint-Laurent, à environ une heure de route du Club Royal Montréal.
Mme Paul est très fière de son fils et des autres athlètes autochtones comme Notah Begay III, un golfeur amérindien qui a cinq victoires à son actif sur le Circuit PGA TOUR. Elle admire aussi des artistes comme Lily Gladstone, une actrice élevée sur la réserve Blackfeet au Montana qui a été mise en nomination pour un Oscar l’année dernière et qui a aussi sensibilisé les gens aux réalités de la communauté autochtone.
« On a tellement d’enfants qui excellent dans les sports, ça nous donne l’espoir de progresser, ajoute-t-elle. Le monde s’ouvre à eux, et on le voit avec tous ces acteurs, ces joueurs de soccer, de crosse, de hockey qui sont d’origine autochtone, comme Brandon Montour qui a joué pour les Panthères de Floride. Il vient des Six Nations. »
Et elle conclut : « Je pense que le monde entier s’ouvre à nous tous, comme cette scène internationale. »
Le jeune Rahontsá:waks s’attend à être nerveux jeudi au Club Royal Montréal. Mais il espère avoir la chance de voir son joueur préféré, le no 1 mondial Scottie Scheffler, et apprendre tout ce qu’il peut de sa présence à cette compétition prestigieuse qui a eu lieu pour la première fois en 1994. Il est membre du programme du Club 24 depuis son lancement il y a trois ans et il a récemment commencé à participer à des compétitions sur 9 trous.
« C’est dur sur les nerfs, déclare Rahontsá:waks avec un sourire contagieux. Je n’ai pas beaucoup joué au golf de compétition, mais j’ai aimé ça. Je m’y suis fait de nouveaux amis et je veux revenir jouer avec eux l’an prochain, et peut-être même participer à des tournois sur 18 trous. »
Rahontsá:waks, qui joue aussi à la crosse et au hockey, a commencé à aller sur le terrain de golf avec son frère aîné Tehorahkwaneken pendant le confinement de la COVID-19. Tehorahkwaneken, qui a été invité récemment à participer à un tournoi amateur à Dubaï, se perfectionne depuis deux ans à l’Académie de golf Hernan Rey d’Orlando, en Floride.
Leur mère a vu son plus jeune fils évoluer au-delà de la simple compréhension des règles et des principes de base du jeu. À 12 ans, il est de plus en plus confiant et mature.
« Mais c’est encore un enfant, dit Mme Paul. Il a appris à jouer au golf et sait être patient. Il comprend que le golf, c’est un jeu mental. Et pour le simple amour du golf, il veut continuer à se perfectionner au jeu. »
Selon Martin Barnard, chef de la direction de la Fondation Golf Canada, le retour de la Coupe des Présidents au Club de golf Royal Montréal a été un des éléments catalyseurs du lancement de First Tee – Premier départ Canada. Dans le cadre d’un partenariat annoncé en 2020, le PGA TOUR a promis 250 000 $ en appui au déploiement canadien. Un an plus tard, les premières sections voyaient le jour en Colombie-Britannique, en Ontario, au Québec et dans les provinces de l’Atlantique. Il y a maintenant six sections desservant les 10 provinces canadiennes.
« Il s’agit en réalité d’un partenariat à trois entre Golf Canada, le PGA TOUR et la Fondation Golf Canada, et cette annonce initiale a déclenché la croissance formidable que l’on a connue depuis 2020, ajoute Barnard. Quand on a lancé le programme, on s’est dit qu’il nous fallait le soutien de la communauté philanthropique, et aussi de certains de nos partenaires d’entreprise existants. »
Et Barnard poursuit : « L’année dernière, on a pu annoncer avec beaucoup de fierté que First Tee – Premier départ Canada avait rejoint 100 000 jeunes partout au pays et que plus de 19 millions de dollars avaient été récoltés depuis le début. »
Barnard explique que First Tee – Premier départ, qui se sert du jeu de golf pour forger le caractère des jeunes et leur enseigner des compétences de vie, se concerte avec ses sections régionales pour faire en sorte qu’elles mobilisent au sein du programme des enfants issus de divers milieux afin de mieux représenter le tissu social du Canada. Le partenariat avec la Coupe des Présidents s’ajoute à cet héritage.
« Pour être franc, il y a des centaines de milliers d’enfants qui seront touchés par cette annonce et par la présentation de ce tournoi au Canada, conclut Barnard. Comme vous le savez, le capitaine de l’équipe internationale, Mike Weir, est un défenseur de First Tee – Premier départ Canada. Il a été formidable, il a consacré beaucoup de temps et d’énergie à promouvoir First Tee – Premier départ. Donc, en fin de compte, grâce à l’appui du PGA TOUR et de la Coupe des Présidents, on a réussi à amasser beaucoup d’argent! »
Et bien d’autres enfants comme Rahontsá:waks vont en bénéficier.