Cela fait-il vraiment 21 ans que Tiger Woods, à son deuxième départ comme professionnel du PGA TOUR, faisait ses débuts à l’Omnium canadien RBC?
En 1996, à 20 ans, celui qui allait galvaniser le golf est venu à Glen Abbey pour son cinquième départ de la saison. Malgré un échec au couperet du Tournoi des Maîtres, une É82 à l’Omnium des États-Unis, une É22 à l’Omnium britannique et une É60 à l’Omnium Greater Milwaukee, où il joignait les rangs professionnels, les attentes à son égard étaient immenses.
Woods allait terminer 11e à Glen Abbey et se servir de ce résultat comme tremplin pour remporter deux victoires cette saison-là. En fait, le terme « tremplin » est un peu faible. Ce 11e rang s’est plutôt avéré un véritable lance-roquettes qui allait révolutionner le sport.
Tiger a donné de l’envergure au golf. Et il l’a fait sans complexe, avec arrogance, même, diront certains. On se souvient de ses mots, « Bonjour le monde! », à l’annonce de son entrée sur le circuit professionnel à l’Omnium Greater Milwaukee. S’il existe un moment, dans la carrière d’un homme, où l’arrogance est justifiée, c’est bien à cette occasion.
En 1997, moins d’un an après être devenu pro, il était le no 1 du golf mondial, un rang qu’il allait reconquérir à maintes reprises, notamment sur deux périodes de cinq ans, soit de 1999 à 2004 et de 2005 à 2010. Nommé 11 fois Golfeur de l’année par la PGA, un record, le Tigre a remporté 14 tournois majeurs et un total de 79 victoires sur le Circuit de la PGA.
Oui, Tiger Woods a galvanisé, et même révolutionné le golf, rehaussant la visibilité du sport et élargissant ses horizons de manière incommensurable.
Mais à mesure que sa carrière progressait, il polarisait le monde du golf, aussi.
Mentionnez son nom à un groupe de golfeurs et vous entendrez une cacophonie d’opinions disparates. D’un côté, on vous dira que Woods est le meilleur golfeur de tous les temps. De l’autre, vous entendrez des avis soutenant qu’il s’est toujours cru plus grand que le sport, qu’il est un adultère en série, qu’il n’est plus que l’ombre – bourrée de pilules – de ce qu’il fut naguère.
Alors que l’homme de 41 ans s’apprête à revenir au golf de compétition cette semaine, entouré d’un tableau de 18 joueurs d’élite, au Défi mondial Hero qui se dispute aux Bahamas, ces opinions se font de plus en plus retentissantes.
Bien des gens regarderont le tournoi pour les mêmes raisons que les téléspectateurs des courses NASCAR, soit davantage dans l’attente de l’inévitable accident spectaculaire que pour la compétition.
On devrait rappeler à ces gens l’une des nombreuses caractéristiques admirables du sport : son pouvoir de rédemption.
Plusieurs interventions chirurgicales aux genoux et au dos, ainsi que d’autres maux, ont non seulement entravé le Tigre et handicapé son jeu, ils ont rendu le golfeur sujet à une dépendance aux médicaments d’ordonnance. Son humiliation publique en 2009 et le divorce qui s’en est ensuivi, de même que sa récente arrestation pour conduite dangereuse, ont donné bien des munitions à ses détracteurs. (Une liste complète de ses malheurs est affichée)
Mais du côté positif, Woods affirme qu’il ne ressent aucune douleur pour la première fois depuis des années et que son élan est au point, même si celui-ci n’est plus ce qu’il était à son apogée. Cela dit, de nombreux observateurs avertis estiment qu’il est assez bon pour d’autres victoires sur le PGA TOUR. Comme il l’a déjà dit : « Je peux gagner, même avec mon jeu de catégorie C ». Et avouons-le, beaucoup d’argent s’est perdu en mises contre le Tigre.
Qu’on l’aime ou le déteste, nul ne peut nier le fait que Tiger Woods fut un dieu du golf. Mais comme le dit la Bible, ces colosses à la tête d’or ont des pieds d’argile, défaut qui témoigne de leur vulnérabilité bien humaine. Le Tigre, maintenant classé 1193e golfeur au monde, en est la preuve.
Compte tenu de cette vérité indéniable, alors que l’on se prépare à assister au « Bonjour le monde 2.0 » de Tiger Woods, concentrons-nous moins sur l’argile et plus sur l’or.
Et peut-être aurons-nous l’occasion de le voir revivre ses moments de gloire à Glen Abbey lors de l’Omnium canadien RBC 2018. Cela raviverait non seulement des souvenirs du chahut qui l’accompagnait en 1996, mais aussi, et surtout, de son coup de fer 6 pour sortir de la fosse de sable, au 18e trou, qui lui a donné la victoire à l’Omnium canadien RBC 2008.
Verrons-nous la rédemption du Tigre?
Restez à l’écoute.