MONTRÉAL – Les administrateurs des clubs de golf et des terrains de tennis du Québec ont poussé un soupir de soulagement et ressenti une certaine fébrilité, mercredi, en apprenant qu’ils pourront lancer officiellement leurs activités le 20 mai, à la grandeur de la province.
« C’est fou, c’est fou, c’est fou, c’est comme si on venait d’annoncer qu’il y aura trois jours de l’An consécutifs. Les réseaux sociaux, le téléphone… Il y a de l’excitation dans l’air, de la fébrilité, de la joie. On vient de mettre de la joie dans le coeur de beaucoup, beaucoup de Québécois et de Québécoises », s’est exclamé, le ton haletant, le président de l’Association des clubs de golf du Québec (ACGQ), Martin Ducharme.
Ce dernier venait d’entendre, quelques minutes plus tôt, l’annonce de la ministre déléguée à l’Éducation, Isabelle Charest, qui a confirmé la reprise graduelle de certains sports récréatifs au Québec, dont le golf et le tennis récréatif.
Mme Charest a ajouté que le gouvernement du Québec a décidé d’inclure la région métropolitaine dans son plan de déconfinement sportif, entre autres pour limiter les déplacements non-essentiels entre les régions.
M. Ducharme, certes surpris, a cependant rappelé que tous les membres de l’ACGQ devront respecter les directives sanitaires du gouvernement du Québec _ dont la distanciation sociale de 2 mètres.
« Oui, oui, je suis surpris, mais de manière agréable, car les gens ont besoin d’aller prendre l’air, les gens ont besoin de sortir de chez eux, a-t-il évoqué. Mais ce sera tolérance zéro; les gens vont devoir bien se comporter, selon les règles de la santé publique. »
Même son de cloche du côté du tennis, où les principaux intervenants du domaine ont accueilli favorablement le fait que le coup d’envoi de la saison de tennis soit enfin donné _ même si seuls les matchs de simple seront autorisés.
« On avait hâte de l’entendre; ça fait longtemps qu’on travaille sur une éventuelle relance. C’est une nouvelle extrêmement positive, parce que les gens ont besoin de faire de l’activité physique. (…) C’est la meilleure nouvelle qu’on pouvait avoir (mercredi) », a mentionné le directeur général de Tennis Québec, Jean-François Manibal.
Si M. Manibal s’est dit légèrement déçu du fait que Québec n’autorise pas les cours de tennis avec un entraîneur certifié _ seule l’activité récréative sera tolérée pour le moment _, le vice-président de Tennis Canada et directeur de la Coupe Roger, Eugène Lapierre, a préféré prôner la prudence.
« Il faut y aller par étapes. On va commencer par démontrer que le tennis est un sport sûr, sans danger pour la santé publique. Allons-y tranquillement. J’aurais bien aimé que tout soit ouvert à l’extérieur et à l’intérieur, mais commençons plutôt par permettre aux gens de frapper des balles », a dit M. Lapierre.
« Partout en ville, je vois des gens qui jouent au tennis contre des murs, alors oui, il faut leur donner l’occasion d’aller jouer. Ensuite, on verra, si tout se passe bien, on passera à la prochaine étape », a-t-il ajouté.
En attendant, le premier ministre François Legault pourra perfectionner sa technique en vue de ses duels familiaux estivaux.
« Je pense que ça va nous faire du bien, moi le premier, parce que j’aime jouer (au tennis) avec mes fils. Je ne gagnerai peut-être pas, mais ça, c’est une autre histoire », avait déclaré M. Legault, le sourire aux lèvres, lors de son point de presse quotidien.
Un long processus qui arrive à terme
Au début du mois de mai, Tennis Québec et Tennis Canada avaient rédigé une lettre commune, qui avait été acheminée à M. Legault et à Mme Charest, demandant de considérer l’ouverture de courts de tennis extérieurs dans une première phase de déconfinement.
Dans un courriel acheminé à la La Presse canadienne, M. Manibal avait notamment déclaré que le tennis avait tous les attributs et toutes les qualités qui permettraient à la population de recommencer
à pratiquer un sport en toute sécurité. Il est de plus en plus évident, avait-il ajouté, que les gens ont besoin, physiquement et psychologiquement, de faire de l’activité physique et de reprendre la pratique de leur sport favori.
M. Lapierre soutenait qu’il y a des moyens relativement simples de respecter les consignes en matière de santé publique, notamment en ne tenant que des matchs de simple, en prévoyant une fenêtre de dix minutes entre deux blocs de réservation et en demandant aux joueurs d’apporter leurs propres balles et de les initialiser avec un marqueur permanent.
Du côté du golf, M. Ducharme, à titre de membre de la Table de concertation, était lui aussi d’avis qu’il est possible d’imposer des mesures de distanciation sociale et sécuritaires pour la santé publique sans pour autant dénaturer la pratique du sport. Mercredi, il a tenu à saluer l’implication du gouvernement provincial dans les démarches qui ont mené à l’annonce de Mme Charest.
« Je remercie, personnellement, les sept ministères avec lesquels on a travaillé. On a eu une collaboration exemplaire avec eux, avec la santé publique, la Table de concertation, et pour tout ce qui a été fait jusqu’ici », a-t-il résumé.
Dans le cas du golf, on était inquiet des conséquences financières d’une pause prolongée. Déjà, avait mentionné M. Ducharme, des pertes étaient tangibles, notamment en ce qui a trait aux événements et réceptions qu’accueillent bon nombre de clubs de golf pendant une année entière.
Mais tous ces doutes se sont envolés en quelques secondes, mercredi.
« Ça va aider énormément. Je n’aurais pas répondu la même chose si on avait parlé du 20 juin ou du 20 juillet. C’est sûr que là, si on regarde derrière nous, il n’y a pas eu tant de belles journées ce printemps. Donc, partir le 20 mai, avec l’engouement qu’il y a présentement, avec tous les gens qui sont à la maison, c’est certain que les gens vont attaquer les terrains de golf. Je me demande même si nous aurons assez de terrains de golf au Québec pour satisfaire la demande. »
Ainsi, comme c’est parfois le cas au golf ou au tennis, à force de piocher, il arrive de bonnes choses.