La plupart des amateurs de golf connaissent les frères italiens Francesco et Edoardo Molinari; Tiger et Cheyenne Woods; les duos père-fils Haas et Stadler; et aussi, bien sûr, les sœurs Henderson, Brooke et Brittany, ici même. Mais il y a beaucoup d’autres familles d’athlètes compétitifs au golf, comme les Canadiens qui suivent.
Pour les parents James, il n’était pas inhabituel de voir leur fille Augusta se lever dès l’appel du réveil pour entamer sa journée d’école en pratiquant sa routine matinale. Après s’être brossé les dents et habillée, elle préparait le déjeuner sans trop faire de bruit.
Puis, elle s’aventurait dans la chambre de son petit frère, Austin, pour le réveiller à son tour. Il ne fallait surtout pas qu’il rate son autobus scolaire quand elle était au poste!
« Elle me faisait lever pour aller à l’école et ne me lâchait pas tant que je n’étais pas prêt, raconte Austin en riant. C’est elle, la plus ponctuelle. »
« On dit que je le traite en bébé, reconnaît Augusta. Il sait prendre soin de lui-même, c’est sûr, mais il est tellement relax qu’à mes yeux, on dirait qu’il s’en fiche. »
Maintenant dans la vingtaine, les enfants de Geoff et Jean James ont remplacé l’autobus scolaire par les avions et les autos, moyens de transport usuels pour deux jeunes golfeurs en émergence.
Augusta, en troisième saison professionnelle sur les circuits de la LPGA et Symetra, et Austin, en dernière année d’études à l’Université Southern de Charleston, sont tous deux de précieux produits du programme d’élite de Golf Canada. L’aînée fait partie de la formation Jeune pro, tandis que son cadet est membre de l’Équipe nationale amateur.
Ils ont fait leurs débuts au Loyalist Country Club de Bath, en Ontario, où leur père Geoff est professionnel en titre. Ayant ainsi accès au terrain d’exercice et au parcours, les jeunes James ont passé de longues heures d’été à apprendre le jeu et à le maîtriser.
« En grandissant, je me mesurais à elle constamment. Je gardais le score et j’essayais de la battre, se souvient Austin. Je ne pense pas qu’elle se préoccupait de mes points, parce que je perdais 98 fois sur cent. Elle m’écrasait tout au long du parcours. »
« Il pensait que je ne suivais pas le score, rétorque Augusta, mais je comptais les jours qui me restaient avant qu’il ne réussisse à frapper ses balles plus loin que moi. J’aurais alors plus de peine à gagner. Au début, il partait d’un tertre plus avancé et maintenant, j’ai de la difficulté à le rattraper. »
À 1m90, Austin domine sa grande sœur et possède la force de dominer les parcours de golf, aussi. S’ajoutant à sa maîtrise des roulés, cela lui a permis d’égaliser la marque de la menue Augusta en matchs aussi amicaux qu’intenses.
La concurrence fraternelle existait même quand ils étaient dans la même équipe. De 10 à 12 ans, Austin jouait au hockey avec Augusta. Elle était défenseur robuste dans une ligue de garçons et lui, il était l’attaquant vedette de l’équipe.
« C’était un défi, parfois, car il était tellement meilleur que moi, dit Augusta. Ça m’a pris du temps à l’accepter, mais je ne pouvais pas vraiment me fâcher, parce qu’on gagnait des matchs grâce à sa présence dans notre équipe. »
La famille James n’en a jamais été une d’un seul sport et Augusta reconnaît que son cran sur la glace s’est transporté sur le terrain de golf. C’est aussi le cas d’Austin.
« Ça procure un esprit de compétition que bien des golfeurs ne possèdent pas, explique-t-il. Je crois que ça s’est avéré bénéfique. Augusta a commencé à se rapprocher du golf vers 12 ou 13 ans et moi, j’ai tardé un peu, me concentrant sur le hockey jusqu’à 16 ans. »
Quand Austin a rejoint Augusta au golf à plein temps, ses habiletés naturelles l’ont aidé à la rattraper rapidement. Mais cela n’a fait que pousser l’aînée à plus de concentration et de détermination pour garder son avance.
Augusta a fait une superbe carrière amateur, affichant d’excellents résultats au Championnat amateur féminin d’Ontario, à la Coupe Porter et au Championnat amateur féminin des États-Unis. Son plus beau moment, avant de passer chez les pros, fut son triomphe au Championnat canadien amateur féminin de 2014 en défaisant la favorite Brooke Henderson. Dans sa famille comme dans sa ville natale, on ne parlait que d’elle.
Deux semaines plus tard, Austin remportait le Championnat canadien junior masculin.
« Jamais je n’aurais imaginé voir ça, dit Geoff, deux titres nationaux de suite, à deux semaines d’écart, dans une même famille, la mienne! Il faut beaucoup de travail pour gagner un championnat national. Qu’ils l’aient fait tous les deux, frère et sœur l’un après l’autre, j’ai trouvé ça super cool. »
Augusta n’a eu aucun ressentiment envers Austin pour lui avoir volé la vedette. La famille James a toujours fait équipe. Les jeunes continuent de se nourrir de leurs forces réciproques, l’éthique de travail d’Augusta déteignant sur Austin et l’attitude à la fois posée et créative de ce dernier se retrouvant maintenant chez Augusta.
Il leur arrive souvent de suivre leurs parties respectives de loin et, quand ils se retrouvent, de se conseiller et s’encourager mutuellement.
« J’apprécie beaucoup ses commentaires sur mon jeu, ajoute Augusta. Il faut laisser passer ce qui nous dérange et lui, il m’aide à faire ça, il est tellement décontracté. J’apprends beaucoup de lui et de notre enfance ensemble, et je l’applique à mon golf. »
Cet automne, le duo aura plus de temps pour s’entraîner et se divertir ensemble – ils sont tous deux mordus de cinéma – quand Austin aura son diplôme et deviendra golfeur professionnel, car il compte rejoindre sa sœur en Floride.
Cela témoigne de la force des liens qui les unissent, malgré la distance qui les sépare depuis qu’Augusta est partie étudier à l’Université North Carolina State il y a cinq ans. Et cela dénote surtout les valeurs familiales qui les animent.
« Ce dont je suis le plus fier n’a rien à voir avec le golf, c’est plutôt leur façon de se comporter avec tous ceux qu’ils côtoient. Ce sont de très bons enfants, tout simplement », explique Geoff en insistant sur leur évolution au-delà du golf. « Le plus important, pour moi, est ce qu’ils sont devenus en tant qu’êtres humains. »
Ils envisagent tous deux une longue carrière professionnelle, mais ils savent aussi que leur avenir ne serait pas le même sans ces parents qui ont joué un rôle si crucial dans leur enfance.
« C’est ce qui a tout déclenché, souligne Austin. Ce sont les deux plus grandes influences de notre vie de golfeurs. »
« Ils nous ont offert toutes ces possibilités, ajoute Augusta. Ils nous ont consacré beaucoup de temps, d’argent, d’efforts et d’insomnies. J’espère seulement les avoir rendus fiers et leur montrer qu’on va travailler très fort en reconnaissance des sacrifices qu’ils ont faits pour nous. »
Cet article a été publié dans l’édition Familles au jeu du magazine Golf Canada. Pour lire l’article dans le format original, cliquez sur l’image.